10 millions d'emploi vert
La
lutte contre le réchauffement climatique doit inciter l'Union
Européenne à renouveler son économie et ses investissements afin
d'anticiper les défis futurs.
Nous, socialistes, croyons en une stratégie européenne orientée vers
une croissance écologique. Cette stratégie est innovante et sera
créatrice de millions d'emplois. Le développement de
l'emploi qualifié, la cohérence sociale, la recherche de l'efficacité
énergétique et la redéfinition du rôle de l'agriculture sont autant
d'éléments qui permettront une prospérité à long terme.
Notre objectif est de doter l'Union Européenne d'une politique de développement durable fondé sur des stratégies économiques, sociales et environnementales cohérentes entre elles.
1.
Doter l'Europe du système de transports le plus efficace, le plus
économique et le plus écologique dans l'intérêt des particuliers et des
entreprises. Cela implique de développer un réseau ferroviaire à grande vitesse compétitif et d'un coût accessible
entre grandes villes et régions européennes, bien connecté aux autres
modes de transport ; de créer un espace aérien intégré offrant des
routes aériennes plus directes et des temps de vol réduits ; de rendre
le transport maritime et fluvial plus propre, plus efficace et plus sûr
pour les travailleurs et les passagers.
Il y a aussi la transformation des transports urbains
: les maires socialistes d'Europe montrent l'exemple dans le manifeste
Mobilité Urbaine qu'ils ont publié en 2008, présentant de nouveaux
concepts plus rapides, économiques, non polluants. Nous proposons une
initiative européenne d'échange des meilleures expériences et de
promotion de la mobilité urbaine durable en Europe. Nous continuerons
en outre à renforcer la sécurité de tous les modes de transport.
2. Nous appelons à un programme européen de développement des réseaux de transport d'énergie et de transport de données
à large bande, indispensables à l'économie européenne de demain. Les
parcs à éoliennes en mer, par exemple, exigent de nouveaux réseaux de
transport transfrontières. La vitalité économique des zones rurales,
dans toute l'Europe, dépend de l'accès à la communication large bande.
Des milliards d'euros d'investissements s'imposent donc dans tout le
continent. La Banque Européenne d'Investissement, qui finance déjà les
infrastructures énergétiques et de télécommunications, pourrait
s'engager sur une plus grande échelle. L'injection de fonds structurels
communautaires dans ces domaines d'avenir doit aussi être prévue.
3.
L'efficacité énergétique est un des meilleurs moyens pour diminuer les
factures des familles et pour créer des emplois, notamment dans les
travaux d'isolation du bâtiment. Nous demandons un travail réel en
commun entre l'Europe, les Etats et les collectivités locales visant à soulager les budgets familiaux
par une moindre consommation d'énergie, par des travaux d'efficacité
énergétique des logements, et par un encadrement du marché assurant que
les prix des fournisseurs d'énergie soient justifiés et que la
protection du consommateur en la matière soit effective.
4. Il est essentiel d'augmenter fortement les investissements de recherche-développement
et l'innovation pour une croissance écologique et innovante et donc
pour notre prospérité à long terme. Les Etats-Unis dépensent
aujourd'hui 50% de plus que le total des Européens dans ces domaines.
L'Europe doit rattraper l'écart et devenir le premier investisseur dans
la préparation de l'avenir.
5. Nous proposons d'aider les entrepreneurs à anticiper les changements liés au défi climatique
et aux ruptures technologiques. C'est le moyen de préserver et de créer
des emplois en aidant les travailleurs à acquérir de nouvelles
qualifications si leur travail est menacé par ces mêmes changements.
Cette mission devrait revenir en particulier au Fonds Européen
d'Ajustement à la Mondialisation. Nous voulons également engager la
négociation au niveau européen avec les employeurs pour les amener à
prendre leur part de responsabilité dans la préparation du changement
et la requalification des salariés.
6. Nous proposons d'augmenter le soutien de l'Europe aux pays en développement
pour qu'ils puissent lutter contre le changement climatique et s'y
adapter. L'Union doit accepter des transferts massifs de technologie
permettant à ces pays de lutter contre la pauvreté et de développer
leurs économies sans pour autant aggraver le réchauffement de la
planète. En outre nous devons veiller à ce que les exigences que se
fixe l'Europe ne provoquent pas une hausse des émissions des gaz à
effet de serre dans d'autres pays, et donc dissuader les transferts
d'industries intensives en énergie vers des régions du monde appliquant
des normes moins strictes.
7. Nous proposons d'introduire une directive européenne sur le climat
qui définisse les objectifs et les plans d'action pour tous les
secteurs encore non couverts par les textes existants (l'énergie,
l'agriculture, l'alimentation, la construction et le transport) et qui
mette en cohérence toutes ces actions pour que l'Union atteigne ses
objectifs globaux en matière d'émissions de gaz polluants. Toutes les
autres législations ayant une incidence sur le climat doivent être
adaptées pour réaliser l'objectif de 30% de réduction des émissions de gaz polluants.
8. Nous proposons d'élaborer une politique énergétique européenne commune
fondée sur le développement durable, sur la sécurité et l'indépendance
énergétique, sur la diversification des sources d'énergie et sur la
solidarité entre Etats européens en cas de crise de l'énergie. L'Europe
doit, par exemple, augmenter son potentiel d'énergies renouvelables en
impulsant la réalisation d'un réseau de transport à haute tension pour
distribuer l'électricité produite par des éoliennes en mer depuis le
Nord et l'Ouest de l'Europe et l'électricité solaire venant du Sud de
l'Europe et d'Afrique du Nord.
9. Nous soutiendrons une politique agricole commune moderne
qui aide au développement cohérent du monde rural et qui valorise le
rôle fondamental des agriculteurs, tout en consacrant le rôle de
l'agriculture dans la protection de l'environnement,
dans la garantie de la qualité alimentaire et de la sécurité
d'approvisionnement, dans la préservation du paysage ainsi que dans le
bien-être animal et végétal. Les biocombustibles peuvent contribuer à
réduire les émissions des transports mais ne doivent pas compromettre
la production alimentaire européenne et mondiale, l'intégrité de
l'environnement, ni la biodiversité. La directive européenne sur les
biocarburants doit être révisée pour faire prévaloir ce principe.